De fait, d’immenses espoirs reposent sur cet avion, le premier c**çu en Russie depuis la chute du Mur de Berlin. Si Moscou n’a jamais cessé de produire et d’exporter des avions de chasse, son aviation civile a décliné après la chute de l’Union soviétique.
La Russie réussira-t-elle son pari de revenir dans le club très fermé des constructeurs d’avions civils après la déshérence des années post-URSS ? Beaucoup dépendra du sort du tout premier "Superjet", encore en pièces détachées dans l’Extrême-Orient russe.
Dans l’immédiat, ses géniteurs ne peuvent certes présenter qu’une carlingue vert pâle, vide et sans ailes, et leur projet d’entrée en force sur le marché de l’avion moyen courrier affiche déjà quelques mois de retard au compteur.
Mais l’atmosphère est à l’optimisme chez le constructeur, l’avionneur public Sukhoï, qui s’est décidé à convier pour la première fois une poignée de journalistes afin de leur "montrer que l’avion existe", sourit une responsable. Et que le projet, soutenu fermement par le gouvernement russe, avance à grands pas malgré les 8.000 km qui séparent l’usine de Komsomolsk-sur-Amour de Moscou.
Le futur avion, qui transportera de 75 à 95 personnes, a déjà réuni 71 commandes fermes, dont près de la moitié pour le compte de la compagnie russe semi-publique Aeroflot. La plus récente, en juin, est celle de la firme ItAli Airlines, pour 10 avions. Mais de l’avis des professionnels, les grandes compagnies occidentales, dont certaines comme SAS, Air France ou Lufthansa auraient déjà fait part de leur intérêt, ne se décideront pas avant le premier vol d’essai, prévu en fin d’année.
Ce sont elles qui décideront si le Superjet -qui contrairement au tout nouveau Boeing 787 "Dreamliner" par exemple ne comprend pas de matériaux composites- est ou non un produit digne d’être exporté.
"Pour la Russie, il ne s’agit pas seulement de construire un avion et un moteur", selon Jean-Paul Ebanga, patron de Powerjet, la joint venture franco-russe en charge des moteurs du Superjet.
De fait, d’immenses espoirs reposent sur cet avion, le premier c**çu en Russie depuis la chute du Mur de Berlin. Si Moscou n’a jamais cessé de produire et d’exporter des avions de chasse, son aviation civile a décliné après la chute de l’Union soviétique.
Le Superjet prendra son envol en pleine restructuration du secteur aéronautique russe et alors que le pays exhibe fièrement sa puissance économique retrouvée, tout comme sa volonté de ne pas cantonner ses exportations au pétrole et au gaz.
Connu surtout pour ses très performants avions de chasse, Sukhoï entend s’approprier le marché dit de l’avion "régional", en plein boom et pour l’heure dominé par le brésilien Embraer et le canadien Bombardier.
Pour pallier son inexpérience dans l’aviation civile, il s’est adjoint l’aide d’une série de groupes occidentaux pour l’assister, dont l’italien Alenia qui est actionnaire minoritaire et le français Snecma, qui participe à la conception et la fabrication du moteur.
L’immense usine Sukhoï, dans la banlieue d’une ville célèbre pour avoir été construite dans la ferveur par les "komsomols" (jeunesses communistes) en 1932, a gardé une saveur toute soviétique : "Nos avions font la fierté de la Russie", clame une affiche grand format sur le mur d’un bâtiment. A terme, le site devrait fabriquer 70 Superjet par an.
Sukhoï rêve d’en vendre 800 exemplaires d’ici 2024, dont 300 en Russie et 500 auprès des compagnies occidentales, pour un prix (estimé à environ 25 millions de dollars pièce) présenté comme beaucoup moins cher que ceux de ses concurrents, grâce à un profil optimisé et à l’abondance de matières premières en Sibérie.
Source:
http://www.russie.net/article3945.html